COMMENT ON S’AIME : PRÉVENIR LES VIOLENCES CONJUGALES DÈS L’ADOLESCENCE
- cielabellehistoire
- 9 mai
- 4 min de lecture
À l’adolescence, tout va vite : les émotions, les sentiments, les premières fois, les certitudes, les doutes… C’est une période de découvertes intenses, où l’on apprend à se connaître, à aimer, à se positionner dans ses relations. Mais c’est aussi une période de fragilité, où les repères sont flous et où les modèles sont parfois confus.
Dans un monde hyperconnecté où les relations passent autant par les messages que par les regards en classe, les adolescents et adolescentes sont parfois confrontés à des comportements problématiques sans les reconnaître comme tels : « Il m’a demandé de lui montrer mes messages. C’est normal, il veut juste être rassuré. » « Il veut savoir où je suis tout le temps, c’est qu’il tient à moi. » « Il préfère que je ne mette pas ce haut, il dit que ça attire trop les regards. »
Ces phrases, beaucoup de jeunes les ont déjà entendues, prononcées, ou subies. Elles peuvent sembler anodines… mais elles sont souvent les premiers signaux d’emprise affective. Et quand ces comportements deviennent banals, ils peuvent ouvrir la porte à des relations toxiques, déséquilibrées, voire violentes.
Comprendre que la violence ne se résume pas aux coups
Il est encore trop fréquent de penser que la violence dans le couple se résume à des actes physiques. Mais la réalité est bien plus vaste — et souvent bien plus insidieuse. Les violences peuvent être :
Psychologiques : dévalorisation, chantage affectif, isolement social…
Verbales : insultes, menaces, cris, humiliations…
Morales : culpabilisation, manipulation, contrôle permanent…
Économiques : confisquer de l’argent, interdire de travailler, dépendance financière imposée…
Numériques : surveillance du téléphone, contrôle des réseaux sociaux, cyberharcèlement…
À l’adolescence, ces violences peuvent s’installer sournoisement sous couvert d’amour, de jalousie ou de « protection ». Il est donc crucial d’en parler tôt, de les identifier et de donner aux jeunes les clés pour y faire face.
Un spectacle qui parle vrai
Avec Comment on s’aime, la compagnie La Belle Histoire propose un spectacle puissant, délicat, écrit sur-mesure pour les collégiens et lycéens. On y suit Margaux et Rémi, deux ados qui s’aiment et vivent une histoire intense… jusqu’à ce que les choses dérapent.
Sans jamais être dans la démonstration, ni dans le choc, la pièce met en lumière les mécanismes de l’emprise : la jalousie déguisée en amour, le contrôle progressif, la perte de liberté, l’isolement. Elle questionne subtilement : Faut-il changer pour plaire à l’autre ? Où est la limite entre attention et surveillance ? Peut-on aimer sans confiance ?
À travers un langage accessible, une mise en scène contemporaine et des personnages réalistes, les jeunes peuvent s’identifier et surtout réfléchir à leurs propres comportements ou à ceux qu’ils observent autour d’eux.
Un échange pour aller plus loin
Chaque représentation se prolonge par un temps d’échange animé par les comédiens. Ce moment est essentiel : il permet aux jeunes de poser des questions, d'exprimer des émotions, de déconstruire certaines idées reçues — comme « la jalousie c’est normal » ou « les garçons sont plus possessifs, c’est dans leur nature ».
Ce dialogue post-spectacle favorise la prise de conscience, l’ouverture, la prévention. Et pour certains, il marque un vrai point de départ vers une parole libérée.
Éduquer à l’amour et à l’égalité
Comment on s’aime n’est pas seulement une pièce de théâtre : c’est un outil d’éducation citoyenne et affective. Il s’inscrit dans une démarche globale de prévention des violences conjugales, de promotion de l’égalité filles-garçons, et d’éducation à la vie relationnelle et affective, dès le plus jeune âge.
Parce que prévenir la violence, c’est aussi apprendre à construire des relations saines. Parce qu’aimer ne devrait jamais rimer avec s’oublier.
Vous souhaitez en savoir plus ou organiser une représentation dans votre établissement ? N'hésitez pas à nous contacter !
Retour en images et en témoignages à Lens
Ce mercredi marquait la fin d'une série de représentation de la pièce , Comment on s’aime à Lens au lycée Saint-Paul , devant des publics scolaires particulièrement attentifs et impliqués.Deux représentations, deux salles pleines, et des échanges riches à l’issue du spectacle. Merci aux équipes enseignantes et aux jeunes pour leur écoute et leur participation ! .
Témoignage de Marion Dimpre (Partenaire) :
« Notre établissement accueille des élèves en filière générale, technologique et professionnelle, ainsi qu'en formation post-bac. Nous avons la chance d’avoir une équipe très investie dans le Comité d'Éducation à la Santé et à la Citoyenneté (CESC) de notre établissement. De nombreux projets sont développés autour de la santé et de l’engagement citoyen des jeunes. »
Engagé depuis plusieurs années sur les questions liées à la vie affective, l’établissement a constaté des signaux d’alerte chez certains élèves : emprise affective, violence verbale, mal-être relationnel. Pour y répondre de manière constructive, un partenariat a été noué avec La Belle Histoire et la Maison de la Famille de l’APSA de Lens.
Les représentations de Comment on s’aime ont ainsi été intégrées dans un dispositif pédagogique complet, avec :
la présence de médiatrices familiales pendant la représentation, attentives aux réactions des élèves ;
un temps d’échange post-spectacle permettant de poser des mots, exprimer ses ressentis, interroger ses repères affectifs ;
l’identification de ressources locales d’accompagnement et de médiation familiale.
Témoignages de Céline BILLET et Virginie LEROY (Médiatrices familiales D.E.) :
« La force de la formule théâtre d’intervention par la belle histoire est de proposer un accès à une réflexion à partir de scènes très réalistes. Le public, emmené dans des détails d’histoires qu’il peut avoir vécu ou dont il a été témoin, est amené à voir les choses avec un recul qui aurait pu lui échapper dans la réalité.
Pour nous médiatrices familiales, voilà une opportunité pouvoir aborder la communication, la construction des relations, du couple, l’altérité, la responsabilité de chacun, la différence de points de vue, la communication non violente... Tant de sujets que nous rencontrons dans notre quotidien et qu’il nous semble important d’aborder au plus tôt en prévention des relations toxiques et de l’emprise.
»


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